Réseau Dubouloz

RESEAU DUBOULOZ

LE SERVICE CENTRAL DES MARCHÉS DE LYON

(ORGANISATION DUBOULOZ puis RESEAU GALLIA-DUBOULOZ)

Après l’armistice de juin 1940, furent créés ce qu’on appela « les corps civilisés », pour les distinguer de l’armée de l’armistice dont les effectifs étaient strictement contrôlés.

Parmi ces corps, il y avait le service des matériels chargé de gérer et d’entretenir les matériels de toutes natures et de l’Armée d’Afrique du Nord. La direction de ce service était à Chamalières et le Colonel GENTIL en faisait partie.

Fin 1940 fut créé aussi dans le sein de ce service des matériels un organisme appelé Service Central des Marchés et de Surveillance des Approvisionnements (S.C.M.S.A.)1

Il s’installa 51 rue de l’Hôtel de vile à Lyon.

Il s’agissait bien entendu des marchés d’approvisionnement en matériel de toutes natures de l’armée de l’armistice et de l’Armée d’Afrique du Nord, mais le titre était à dessein ambigu.

La mission du S.C.M.S.A. était préciser par les textes tout ce qu’il y a de plus officiels mais le Colonel DUBOULOZ en recevant le commandement, avait également reçu de ses chefs, dont le Colonel GENTIL, des instructions verbales pour mener une action clandestine dans toutes les directions possibles.

C’est ainsi que le S.C.M.S.A. participa activement à des camouflages de matériels, mena à bien diverses études :

– un engin auto-propulsé à propergols liquides

– une grenade anti-chars à charge creuse dont fut dotée l’armée de l’armistice, etc…

La S.C.M.S.A. passa également de faux marchés dont l’argent allait à la Résistance. Elle fit passer en Afrique du Nord d’importantes quantités de matériels clandestins (d’optiques principalement). Il serait fastidieux et vain de détailler ce que fut pendant quatre ans l’activité de ce service, ce qui vient d’être indiqué n’est qu’à titre d’exemple.

Fort curieusement, les Allemands, abusés probablement par le titre officiel (qui faisait penser à des approvisionnements en nourriture) de cet organisme qui avait pignon sur rue, ne s’intéressèrent à ses activités qu’à partir de 1942.

A compter de cette date, les Allemands multiplièrent les contrôles, mais ceux-ci furent toujours menés par la commission de contrôle de l’armistice ; On peut penser que, ayant commis la faute de laisser fonctionner le S.C.M.S.A. sans surveillance pendant deux ans, les responsables allemands ne voulaient pas se le voir reprocher par d’autres organismes plus actifs comme la Gestapo. La sanction immédiate et inévitable d’une telle défaillance était particulièrement redoutée (départ pour le front de Russie).

En janvier 1944, le Colonel DUBOULOZ fut arrêté par la Gestapo et incarcéré à la prison de Fresnes (d’où il fut libéré par erreur en août 1944). Il lui était reproché d’avoir signé de faux marchés mais jamais la Gestapo ne relia ces faits à l’activité du S.C.M.S.A..

Par la suite, il y eu d’autres arrestations ou de menaces qui obligèrent l’un ou l’autre à entrer dans la clandestinité, mais dans l’ensemble le S.C.M.S.A. fonctionna tant bien que mal, jusqu’à la Libération où il put assurer les fonctions de section technique au bénéfice de la Première armée française.

Les rapports avec le réseau GALLIA furent très étroits.

Le Colonel GENTIL était, on la vu, à l’origine de la création du S.C.M.S.A., et ce fut lui qui précisa son orientation clandestine. Tant qu’il fut à Chamalières, il suivit de près son activité : venant assister à des expériences, donnant de nouvelles directives, facilitant l’exécution de nombreuses missions pour Paris ou Alger. Après son passage dans la clandestinité, il continua à avoir des contacts fréquents avec le S.C.M.S.A.. Il provoqua la recherche de certains renseignements et assura l’acheminement sur Londres, par le réseau GALLIA, des plus importants.

En résumé, on peut dire que le S.C.M.S.A., créé et animé par le Colonel GENTIL ne fut rattaché au réseau GALLIA que par la volonté et la personnalité du Colonel GENTIL, mais que ce rattachement, pour avoir été assuré seulement par des rapports personnels et confiants n’en pas moins été réel et efficace.

C’est ainsi qu’il en fut jugé à la Libération, quand le Colonel DUBOULOZ, passé Général à ce moment, déposa un rapport sur les activités, sous l’occupation, de l’organisme qu’il dirigeait à Lyon. Il fut jugé que le S.C.M.S.A. de part son action, son organisation et les résultats obtenus, présentait les caractéristiques d’un « sous-réseau ». Il fut donc reconnu comme tel et comme sa référence principale était le Colonel GENTIL (nommé Général à titre posthume).

Le S.C.M.S.A. fut tout naturellement rattaché au réseau GALLIA et devint le réseau GALLIA-DUBOULOZ.

1) pour former le S.C.M.S.A., on avait fait appel, à l’origine, à tous les membres disponibles des anciennes sections techniques de l’artillerie, de l’infanterie et de la cavalerie : officiers, sous-officiers et personnels civils. Le S.C.M.S.A. disposait aussi des archives de ces trois organismes, officiellement dissous.

N.B. : Il est à préciser que pendant l’occupation un grand nombre de personnel œuvrèrent dans divers autres réseaux de renseignement dont le réseau C.N.D.-CASTILLE à Clermont-Ferrand qui furent embryon de la région « Centre » du réseau GALLIA dès juillet 1943 et dont le chef était l’adjudant PINARD, mort en déportation à la suite de l’évasion du Général DE LATTRE DE TASSIGNY.

Jacques DIEU

Secrétaire général de l’Amicale Mémoire du réseau GALLIA-DUBOULOZ