GERVAIS Elise
Née le 15 juin 1898 à Mézeyriat (Ain).
Célibataire – soutien de famille de ses parents très âgés – secrétaire.
Engagée dans les M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance)
Agent de renseignement du réseau GALLIA à partir de décembre 1943 en qualité d’agent O (occasionnelle) par 64200 (Lieutenant Thabourin Louis), puis agent P1 – elle devient agent P2 à compter du 1er mai 1944 – immatriculée 62 241 – pseudo Élisabeth – sous-lieutenant – Région 6 (Centre) – Secteur 2 « Béarn » (Loire – Haute-Loire).
Le PC du Secteur de Saint-Étienne est installé chez elle : 25, rue du Président Doumer à Saint-Étienne (Loire) – arrêtée le 17 août 1944 – morte sous la torture le 18 août 1944.
Télégramme réseau GALLIA :
Télégrammes adressés au PC Central de Lyon :
Rapports du chef de la région 6 (Centre), le Commandant Peslin – pseudo Parmentier :
QAG/29 – KTZ – 29 août 1944
« … 64 200 (Thabourin Louis, pseudo Timo) , arbitrairement détenu 66 jours dans un maquis, 62 240 (Nutz Emile, pseudo Magnan) assisté de l’agent 61 216 (Leclair, pseudo Marion) continua à assurer la bonne marche du service en attendant l’arrivée du nouveau chef de secteur 60 202 (Gaugier Paul, pseudo Vitry).
Pendant cet intérim, l’agent 61 216 prit de nombreuses initiatives … animé de la meilleure bonne volonté, il commit de graves imprudences qui devaient amener la catastrophe du 17 août 1944. C’est ainsi qu’il contacta un de ses anciens camarades Goutey, ancien candidat à Saint-Cyr, qui faisait partie à cette date, d’un groupe mobile de sécurité. Ce G.M.R. quoique d’excellente famille, avait des fréquentations très suspectes et il a été établi depuis qu’il était devenu l’amant d’une fille travaillant pour la Gestapo. Il devint cependant très vite familier de 61 216 et connut bientôt le P.C. du secteur ainsi que quelques-uns des agents principaux.
Le 16 août 1944, il fit son rapport à la Gestapo.
Le 17 août 1944, à 12h 30, 62 241 Élise Gervais, qui était seule au P.C. fut arrêtée et la plus grande partie des archives furent saisies.
Prévenus à temps, 60 202 (Gaugier Paul), 62 240 (Nutz Emile) et 61 216 (Leclair Émile) ne furent pas appréhendés et il fut décidé qu’après avoir averti toutes les personnes qui pourraient être incitées , 60 202 et 62 240 viendraient immédiatement rendre compte au P.C. Régional , tandis que 61 216 resterait encore un jour, puis se rendrait au P.C. Régional à Montluçon.
En particulier, 62 147 (Lazarus Denise), la boîte d’urgence reçut l’ordre formel de 60 202 d’avoir à quitter la ville et de se rendre à Clermont-Ferrand où elle avait des amis.
60 202 et 62 240 arrivèrent bien à Montluçon, mais ne purent repartir du fait de l’interruption des communications dues aux opérations militaires qui se déroulèrent entre Montluçon et Saint-Étienne.
À partir du 17 août 1944, 61 216 (Leclair Émile) fit preuve de l’indiscipline la plus complète et de la plus désastreuse fantaisie toutes les initiatives qu’i a prises. Malgré les ordres qu’il avait reçus, il resta caché à Saint-Étienne chez 62 146 (Gonon Jules), seconde boîte aux lettres et reprit contact avec 62 147 (Lazarus Denise), ainsi qu’avec Goutey Jean, à qui il avait donné rendez-vous. 62 147 (Lazarus Denise) se rendit à ce rendez-vous et fut arrêtée par la Gestapo. 62 146 (Gonon Jules) fut arrêté quelques heures plus tard, mais 61 216 (Leclair Émile) put échapper encore une fois.
C’est à cette date seulement qu’i décida à venir rendre compte au P.C. Régional de Montluçon (Allier).
La secrétaire : Élise Gervais (62 241), fut assassinée par la Gestapo après avoir été horriblement torturée. Après avoir été torturés et condamnés à mort, 62 146 (Gonon Jules), et 62 147 (Lazarus Denise) furent sauvés le jour de la libération de Saint-Étienne (le 20 août 1944 par les F.F.I.).
————–
62 147 (Lazarus Denise) : dénoncée et arrêtée par la Gestapo, a été torturée dans des circonstances odieuses, montrant un courage admirable en se refusant à avouer quoi que ce soit. A été sauvée d’une mort certaine par la libération de Saint Étienne.
62 146 (Gonon Jules) : arrêté par la Gestapo, s’est énergiquement refusé, malgré les tortures, à dévoiler quoi que ce soit qui puisse renseigner l’ennemi. Condamné à mort, fut libéré in extremis par les F.F.I. . »
Son Chef de réseau, le Colonel Henri GORCE-FRANKLIN – pseudo Franklin – 00 200
Rapport daté 26 octobre 1944 :
« Mademoiselle GERVAIS, a pris lors de la réorganisation du Secteur, consécutive aux arrestations du mois d’avril 1944, les fonctions de secrétaire du Secteur et elle n’a pas hésité à assurer ces fonctions dans son propre appartement avec un dévouement et un mépris du danger méritoires. Dénoncée à la Gestapo, elle a été arrêtée à son domicile en plein travail par la Gestapo de Saint-Étienne. Torturée, elle a montré un héroïsme et une fermeté d’âme admirable.
Morte pour la Liberté le 18 août 1944. »
Propositions de citations à la Croix de la Libération – Croix de guerre citation à Corps d’armée – décorations anglaises. Octobre 1944 :
« Jeune fille d’un patriotisme ardent qui s’est admirablement dévouée à la Résistance, avec un courage et un mépris du danger exemplaires.
Arrêtée par la Gestapo, a subi les tortures les plus pénibles et les plus odieuses avec une énergie indomptable, se refusant à parler et sauvant ainsi de nombreux camarades du Réseau GALLIA et le fonctionnement du Service. Est morte pour la France en martyre de la Résistance après d’atroces mutilations. » Octobre 1944
Son Chef de Région, Le Commandant PESLIN Pierre – pseudo Parmentier – 60 200
Rapports datés octobre 1945 :
« Mlle Gervais Élise a été l’objet d’une proposition pour la Croix de la Libération qui n’a pas été accueillie favorablement. Elle a fait l’objet d’une citation à l’ordre de l’Armée. Elle devait faire l’objet d’une proposition pour la Médaille de la Résistance avec rosette, à titre posthume. »
Mlle Gervais avait déjà travaillé dans les Mouvements de Libération quand elle fut mise en relation avec un réseau de renseignement. Elle accepta avec dévouement les fonctions de secrétariat, avec beaucoup de crânerie, le risque très dangereux d’installer le PC du secteur dans son appartement. Dénoncée par un traître, elle fut arrêtée le 17 août 1944 en plein travail. Atrocement torturée par la Gestapo, elle montra une attitude d’un courage exemplaire et une admirable discrétion. Morte pour la France, son corps fut retrouvé abominablement mutilé à la Libération. »
Son chef de secteur : Lieutenant Leclair – immatriculé 61 216
Rapports datés du 12 novembre 1946 :
« Mademoiselle Élise Gervais, secrétaire au PC du Secteur Béarn à Saint Etiennefut arrêtée par la Gestapo le 17 août 1944 à 13h 15 et emmenée dans les locaux de la Gestapo. Torturée : matraquage – supplice de la « baignoire » – battue à l’aide d’une chaîne à bicyclette, elle fut éventrée. Elle mourut le 18 août 1944 sans rien dire.
Elle fut dénoncée par un jeune homme préparant l’école de Saint-Cyr, nommé G…. Jean, gardien de la paix, et il sera fusillé le 1er ou le 3 septembre 1944, à Saint-Étienne (jugé et condamné par la Cour Martial sous la présidence de Monsieur le Colonel Fournier).
Arrêtée, elle eut la force de ne rien dire malgré d’effroyables tortures et a évité ainsi l’arrestation de nombreux agents. »
« Élise Gervais engagée au Réseau Gallia au titre du décret n° 336 du 26 juillet 1942, a été incorporée à compter du 1er mai 1944 sous le Mle R.P. 62 241, comme Chef du Secrétariat du Secteur de Saint-Étienne du Réseau GALLIA. L’emplacement du secrétariat, installé dans son appartement personnel de Mademoiselle Gervais, a été dénoncé à la Gestapo de Saint-Étienne par un ancien G.M.R. arrêté, jugé et fusillé depuis. C’est dans son appartement que le 17 août 1944, Mlle Gervais a été arrêtée avec tous les documents du Secteur qui ne laissait aucun doute sur son activité. »
Source : Fichier du Réseau GALLIA
SG national Jacques Dieu – archives privées