Dureux Jacques
réseau Gallia – Région Centre – Secteur Montluçon – agent 64112
Jacques Dureux est né à Montluçon (03) le 31 mars 1926. Il avait quatorze ans au moment de l’appel du 18 juin 1940. Mordu de radio, il a pu capter la BBC dès le 20 juin et l’a fait entendre à ses parents et aux voisins tous les jours, jusqu’à la libération. Trop jeune pour participer à une action militaire, il s’adonne au scoutisme et au cyclotourisme.
Lors de l’invasion de la zone libre et l’occupation totale de la France, il a seize ans et demi. Il décide alors de participer à la Résistance. Cependant, il ne parvient pas à prendre contact avec un mouvement. Il décide alors d’en créer un. Il regroupe une trentaine de jeunes de seize à dix-huit ans. Ils prennent le nom de Jeunesse Combattantes. Avec une imprimerie d’enfant, ils confectionnent des tracts et des autocollants, et en assurent la distribution.
Le 23 juillet 1943, un avion de la RAF vint s’abattre près de Montluçon et les allemands découvrirent le cadavre d’un officier canadien. Ils décidèrent de lui rendre les honneurs militaires. La cérémonie se déroula le samedi 24 juillet à dix sept heures. A cette occasion, Jacques Dureux prononçait un discours d’hommage au nom de jeunesse montluçonnaise. Un mois plus tard, la nuit du 21 au 22 août, le groupe hissait le pavillon américain au mat du vieux château dominant la ville.
Ces actions avaient permis un contact avec le mouvement Libération. Début septembre, Dureux était chargé de constituer quatre sixaines et le groupe était alimenté en journaux clandestins.
Au début du mois de décembre 1943. Jacques DUREUX est arrêté par la police de Vichy, à la suite d’une dénonciation. Par chance, son activité dans la Résistance «officielle» n’est pas connue. Les policiers sont débonnaires et il sera remis en liberté quelques jours plus tard.
A la fin de ce même mois de décembre, Philippe Thévenet (Auguste) l’a contacté pour le compte du réseau Gallia. Il s’engagera après qu’un message de la BBC (le ripolin est bleu, blanc, rouge) ait authentifié la qualité de son recruteur. Grâce au concours de ses sixaines, qui constituent un mini réseau, Jacques DUREUX va pouvoir contrôler les déplacements de troupes allemandes et les mouvements ferroviaires. Par l’intermédiaire de Libération, il va rencontrer le sous-chef de gare et le faire recruter par Gallia.
En mars, il était de nouveau arrêté par la ST (Surveillance du Territoire). Mais l’inspecteur Felce, venu de Vichy, arrangera l’affaire.
Le 24 mai 1944, les mouvements de résistance d’Auvergne procédaient au regroupement de l’armée secrète au Mont-Mouchet, dans le Cantal. Les vingt quatre compagnons de Jacques Dureux devaient se rendre, au petit matin, en un lieu de rassemblement à une dizaine de kilomètres de Montluçon. Se considérant comme leur responsable, Jacques Dureux décida de les mener au terme de leur incorporation. Ensuite, il reprendra son activité au réseau Gallia. Cependant, un des camions à gazogène était en panne. On élimina les plus jeunes, soit vingt deux du groupe Dureux. Il fut décidé qu’ils prendraient le train pour Giat (Puy de Dôme) à proximité d’un camp de transit. Jacques Dureux poursuit son accompagnement.
Le 29 mai, tout était calme au camp. Le groupe était allé prendre un bain à l’étang de Tyx, tout proche. Jacques Dureux était resté, car il devait reprendre le train l’après-midi. Un garçon du groupe montait la garde à l’entrée, pistolet mitrailleur Sten à la bretelle. Soudain, deux individus en costume de ville surgirent et demandèrent à rencontrer le commandant. Leur attitude était de plus en plus agressive et l’un d’eux sortit un pistolet de gros calibre. L’homme de garde arma sa mitraillette. Jacques Dureux tenta de s’interposer, mais les deux armes partirent à la fois. C’est lui qui s’effondra, gravement touché par l’un des projectiles. Les deux intrus prirent la fuite.
Transporté au petit hôpital de Giat, inscrit sous un faux nom, Jacques Dureux fut opéré dans la nuit par le chirurgien Bernard Léger, de Montluçon, médecin des FFC, qui se trouvait miraculeusement présent pour une autre opération. Le 5 juin, il fut rapatrié au domicile de ses parents où le docteur Léger continuera à le soigner, la nuit. Le lendemain, c’est l’annonce du débarquement en Normandie.
La reprise de contact avec le chef de secteur fut un peu houleuse, car il n’aurait pas dû procéder à cet accompagnement. Son excuse était qu’il n’avait pu joindre Auguste pour le consulter. Il fut décidé qu’il poursuivrait, tant bien que mal, ses activités, de son lit, en tentant d’obtenir de droite à gauche des renseignements.
La libération de Montluçon est intervenue le 20 août 1944, mais Jacques Dureux ne pouvait pas encore se déplacer. II ne pourra sortir que le 2 septembre. Il sera nommé à diverses responsabilités de mouvements de jeunesse et siègera brièvement au comité départemental de libération de l’Allier. Il assumera les rubriques jeunesse et culture dans l’hebdomadaire « le MUR bourbonnais».
Après la guerre, Jacques Dureux s’installera à Paris. Il sera d’abord fonctionnaire au ministère de la défense, puis à celui du travail et de la sécurité sociale. En 1965, il quittera la fonction publique pour exercer une fonction de cadre dans l’édition. Enfin, il sera directeur d’une caisse régionale du régime vieillesse des artisans relevant de la sécurité sociale. Il est en retraite depuis 1989.
Texte de Jacques DUREUX – 28 mai 2010