LANOYERIE Paul

LANOYERIE Paul
Réseau GALLIA
LANOYERIE Paul

LANOYERIE Paul
Pseudonyme(s) utilisé(s) : Pierre Mont-Blanc
Date de naissance : 13 décembre 1884
Date de disparition : 20 août 1944

Mouvement : Liberté – Combat
Réseau : Gallia
Son action dans la résistance :
Le colonel Paul LANOYERIE Issu d’une famille implantée de longue date dans le Diois, dans l’est du département de la Drôme, le colonel Paul LANOYERIE a vu le jour à Valence le 13 décembre 1884. Aîné et unique garçon d’une famille de trois enfants, il perdit son père à l’âge de six ans. Il fit ses études au collège Notre-Dame de Valence, où il se lia d’amitié avec Rémy ROURE, futur journaliste au Temps.

Inspiré peut-être par l’exemple d’un oncle militaire, il fit montre dès son plus jeune âge d’un désir d’embrasser une carrière des armes. Après de bonnes études, il parvint à intégrer l’école de Saint-Cyr, au sein de la promotion Centenaire d’Austerlitz, dont il sortit en 1906.

Pendant la guerre de 14-18, il se distingua par ses qualités d’entraîneur d’hommes et de combattant. Lieutenant au 22ème régiment d’infanterie à la déclaration de guerre, il fut promu capitaine en 1914, puis détaché à l’état-major de la 55ème brigade pour être affecté au 99ème régiment d’infanterie. En 1915, il combattit au sein du 53ème régiment d’infanterie, avant de rejoindre le 15ème bataillon de chasseurs à pied. Le 2 septembre 1916, après les batailles de Verdun et de la Somme, il était fait chevalier de la Légion d’honneur. Toutefois, au cours d’un combat dans les Ardennes, un éclat d’obus le blessa grièvement à la hanche.

A la fin de la guerre, il avait été promu officier de la Légion d’honneur et honoré de la croix de guerre et de cinq citations, dont quatre à l’ordre de l’armée. De retour au 22ème régiment d’infanterie, en mai 1919, il fut nommé chef de bataillon un mois après, à l’âge de 33 ans.

Marié avec Suzanne Barbet en avril 1919 et père de deux enfants, il vécut, au gré de ses mutations entre Romans, Lyon, Nice, Valence et Grenoble. En 1931, enfin, la santé altérée par ses blessures, il demanda sa mise en retraite, avec le grade de lieutenant-colonel.

Placé à la tête d’une demi-brigade de chasseurs en Haute-Savoie en septembre 1939, il parvint à stopper l’avancée des forces allemandes, qui tentaient de pousser l’invasion vers Seyssel et Bellegarde, dans l’Ain, en juin 1940.

Installé avec sa famille à Grenoble après sa démobilisation, il entra dans la résistance à partir de 1941, adoptant les pseudonymes de Pierre et de Mont-Blanc. Entré en relation avec le général COCHET, il distribua des tracts et collabora au mouvement Liberté, fondé à Annecy, puis Lyon fin 1940 par François de Menthon.

Rémy ROURE (1885-1966) entra comme le colonel LANOYERIE dans la résistance avec le général COCHET puis fonda avec François de MENTHON le mouvement Liberté, dont il fut membre du comité directeur, participa à la rédaction du journal Combat, enfin, avant de prendre une part active dans le réseau d’évasion Bordeaux-Loupiac.

En 1942, après sa rencontre avec Henri FRENAY, il se mit au service de Combat, né de la fusion de Liberté avec le Mouvement de libération nationale. Dans le cadre de son action, il fut en relation avec les instances de l’Armée secrète et Jean MOULIN.

Mis en rapport avec Henri GORCE, alias Franklin, agent du BCRA arrivé en France en février pour créer et organiser le réseau Gallia, le colonel LANOYERIE entra dans le réseau le 1er mars 1943 et fut chargé de le mettre en place dans les dix départements de la région Rhône-Alpes (RU).

Menant ses activités entre son appartement de Grenoble et Lyon, parcourant tout le sud-est, LANOYERIE s’entoura de nombreux collaborateurs, couvrant tous les départements, parmi lesquels le colonel DEFRASNE, le commandant REYNIER, le capitaine ARMAND, le capitaine VEYRON-LA-CROIX ou le docteur VALOIS, qui accomplirent, sous sa direction, d’innombrables missions. Parmi ces agents, il y avait des éléments infiltrés dans les diverses administrations, qui fournissaient de très importants renseignements. Il s’agissait pour tous de surveiller les différentes unités allemandes, pour établir le plan de bataille de l’ennemi, de préparer la liste des ouvrages à détruire, pour gêner ses mouvements, ou à protéger, pour favoriser l’avancée des troupes alliées après le débarquement, de protéger les services de renseignements français du contre-espionnage allemand, enfin, d’assurer la liaison avec la centrale du réseau, à Lyon.

Le 8 juin 1944, il fut nommé adjoint au chef du réseau de renseignement de Gallia, à Lyon, à la suite d’Albert KOHAN, qui avait participé aux côtés de Franklin à la création du réseau, avant de s’envoler pour Londres en juin 1943, et d’Eugène PETIT, alias Claudius, chargé du service de microphotographie, qui partit en octobre 1943.

Les Allemands, cependant, étaient sur ses traces. A Lyon, où il faisait des séjours réguliers, il apprit que la Gestapo avait perquisitionné à son domicile. Lui-même fut arrêté, avec sa femme, le 4 août 1944, à son appartement, rue de l’Université, à Lyon, le même jour que Pierre BERNHEIM, alias Rohan, chef de Gallia RPA, et incarcéré au fort Montluc, dans une cellule de 1m20 sur 2m avec sept autres détenus . Le lendemain, le commandant Robert GUILLAUD et la secrétaire du PC, Mme FRIGIERE, étaient à leur tour appréhendés.

Interrogé au siège de la Gestapo, place Bellecour, il ne fut pas torturé. Le dimanche 20 août 1944, au petit matin, il fut extrait de sa cellule sans bagage. Cent vingt détenus, hommes et femmes de tous âges, les poignets ligotés dans le dos, deux par deux, furent conduits, dans des camions bâchés, jusqu’à Saint-Genis-Laval, dans la banlieue sud-ouest de Lyon, au fort de Côte-Lorette. Rassemblés au premier étage de la maison inhabitée du gardien du fort, ils furent abattus un par un par les Allemands, à coup de mitraillette.

« A un moment, devait raconter plus tard Max Payot, un des auxiliaires français de la Gestapo, les prisonniers étaient obligés de monter sur le tas formé par l’amoncellement des cadavres de leurs propres compagnons. Le sang coulait à flot à travers le plafond, et j’entendais distinctement la chute des victimes au fur et à mesure de leur exécution. »

Puis les corps furent arrosés d’essence, et la Gestapo mit le feu à la maison, avant de la faire sauter à la dynamite. Parmi les morts, il y avait treize agents du réseau Gallia, dont trois purent être formellement identifiés et huit pour lesquels l’identité ne fait guère de doute. Pour le colonel LANOYERIE, le 1er novembre 1944, un article du journal local signala qu’une petite fille, en se promenant sur un chemin, non loin du massacre, avait trouvé une alliance en or gravée Suzanne et Paul avec la date de leur mariage. Cet élément permit de confirmer sa présence parmi les cent vingt victimes, sans que, pour autant, il fût possible d’attribuer à cet anneau l’un des corps retrouvés.

Le 22 août, après une visite, en fin de matinée, à Saint-Genis-Laval, le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, rédigea à l’adresse du commandant allemand Knapp, chef de la Gestapo, une lettre de protestation, pleine de l’horreur ressentie face au spectacle de « cette exécution atroce », qu’il lui remit personnellement dans l’après-midi, au cours d’une entrevue.

L’épouse du colonel LANOYERIE, pour sa part, fut libérée en même temps que les autres détenus, le 24 août 1944, après vingt et un jours de détention au fort de Montluc.