PERSOGLIO Edmond
RESEAU GALLIA/Centres d’antenne
Je soussigné, Edmond PERSOGLIO, né le 16 décembre 1919, alias Victor CAUVIN, déclare :
« J’ai été appelé au service militaire le 04/09/1939. J’ai été démobilisé le 30/11/1942 (sabordage de la flotte).
Faisant partie d’un petit groupe de « résistants » dans un club sportif (02/1943), après avoir été dans une sizaine du mouvement COMBAT (09/1942), j’ai été contacté par Ernest MARENCO (alias JEAN-PIERRE), pour faire partie d’un groupe de protection d’émissions d’un réseau de renseignements Gaulliste, ce que j’acceptais. A mon arrivée à Lyon, je signais un engagement comme P2 (les cinq lignes, la troisième étant coupée en deux).
J’assurai quelques protections d’émissions dans le Jura, dans l’Ain et en grande banlieue de Lyon.
Début octobre 1943, « Jean-Pierre » me demanda d’assurer la mise en place d’un centre antenne dans la région de Valence/Crest. Quelques jours après mon arrivée à Valence, après avoir rencontré Pierre FOUET alias « CANTAL » et CANARD Marcel pseudo « Capitaine Henri » et sous sa direction, je prenais contact avec Monsieur PLUMET, marchand de vins, route des Alpes à Valence.
Celui-ci me mit en contact avec Monsieur CHAPOUTAT, commerçant à Crest et avec Monsieur ARNOLD (ou HEROLD), bijoutier à Crest. Ces deux personnes m’introduisirent dans des fermes, dont les propriétaires ou les fermiers avaient accepté le risque d’être des lieux d’émission vers Londres. C’était sur les communes d’Autichamp, Montmeyran, Suze, et deux ou trois autres dont je ne me rappelle pas les noms.
Possédant plusieurs postes émetteurs – récepteurs, je n’avais que les quartz à changer pour varier les longueurs d’ondes de jour et de nuit.
Un jeune étudiant de Crest, allant journellement au lycée de Valence, me servait d’agent de liaison, via une boite aux lettres changée régulièrement, pour me transmettre les messages parvenant de Marseille, de Toulon ou de Lyon, que je codais avant de les faire émettre pour Londres. Les messages codés que je recevais de Londres étaient remis à Pierre FOUET pseudo CANTAL.
Le C.A. fonctionnait très régulièrement. J’avais comme radio un Sous-Officier de l’armée qui avait été l’un des radios de la Tour Eiffel, à Paris.
Le 08 décembre 1943, alors que je me trouvais avec mon radio dans un restaurant de l’Avenue de Chabeuil, à Valence, la Feld Gendarmerie et la Gestapo opérèrent une descente. Nous avons alors été conduits au siège de la Gestapo, face à la gare de Valence et interrogés très rapidement. Le matin suivant, nous avons été transportés à Lyon, avenue Berthelot, afin d’y subir de nouveaux « interrogatoires ». Le soir nous avons été transférés à Montluc (cellule 108 pour moi et cellule 102 pour le radio).
Après plusieurs « interrogatoires » à l’Avenue Berthelot, tous les soirs j’étais ramené à Montluc. Un matin, j’ai de nouveau été convoyé à l’Avenue Berthelot où je retrouvais mon radio et nous avons été libérés ; c’était le 30 décembre 1943.
Je retournais alors à Toulon, alors que mon radio se rendait dans le Puy de Dôme où sa famille était réfugiée. Il m’écrivit avec une adresse postale restante. Je lui répondis mais plus rien de lui.
A Toulon, je réintégrais mon poste au Commissariat Général aux Sports. Nommé au Collège de Lorgues, dans le Var, je reprenais contact avec JEAN-PIERRE à Cotignac (Var) qui me demandait alors de monter un C.A. pour SYCOMORE. Un radio vint me retrouver et nous émettions sur Alger.
JEAN-PIERRE me fit savoir le 11 juillet 1944 d’être prêt à partir à Toulon, ce que je fis le 12 août 1944, le temps de trouver des « abris ».
Le débarquement eu lieu dans la nuit du 14 au 15 août 1944. J’ai participé aux combats pour la libération du Grand Toulon. Le 24 août 1944, aux environ de 14 heures, lors de l’attaque d’un convoi de camions Allemand, j’ai été blessé et transporté à l’hôpital maritime Sainte-Anne à Toulon.
La Gendarmerie Maritime m’a demandé des explications sur mon « parcours » dans la Résistance et m’a informé que mon engagement comme P2 au réseau GALLIA était un engagement pour la « durée des hostilités ».
Je fus donc, après ma guérison, rappelé dans la Marine le 21 juillet 1944 et définitivement démobilisé le 7 octobre 1945.
Je repris alors mes activités comme Directeur des Sports de la 3ème Région Maritime au Foyer du Marin, à Toulon. »