CATON Georges
Né le 5 janvier 1920 à Nice. Son père Henri CATON, né à Toulon, fit comme beaucoup de jeunes gens de son âge, après trois ans de service militaire de 1911 à 1914, quatre ans de guerre (1914-1918) et un an d’occupation en Allemagne en 1919. Ceci conditionnera certainement l’engagement de Georges CATON dans la Résistance en 1943. Sa mère, née à Digne, fut également conductrice d’ambulance durant la guerre de 14-18.
Après une enfance à Nice, dans l’école dirigée par Virgile BARREL, qui devint plus tard doyen de l’Assemblée nationale, Georges CATON a fait une partie de ses études à Lyon, au lycée Ampère puis au lycée de Toulon où il passa son bac, entra en math sup. pour préparer l’Ecole navale mais dut y renoncer du fait d’un problème oculaire.
Il s’inscrit ensuite pour préparer l’école de France d’Outre-mer, appelée encore Ecole Coloniale avec une licence de droit Le 3 septembre 1939 la France et l’Angleterre déclaraient la guerre à l’Allemagne ; il s’engagea alors volontairement le 7 octobre, fut incorporé à Montpellier, fit les EOR, et fut démobilisé après l’armistice de 1940.
Il fit connaissance à Toulon de Jacques ELMALEH par l’intermédiaire de sa future épouse Blanche, la sœur de Jacques ELMALEH. Entre temps il avait fait connaissance avec la Résistance à Toulon par l’intermédiaire de monsieur AMIGAS avec une première fausse identité au nom de DINGRAN. Jacques ELMALEH était un ancien officier de cavalerie qui, après avoir milité dans la Résistance dans un réseau du sud, avait été recruté par Henri GORCE-FRANKLIN à Lyon comme chef du service des liaisons du réseau GALLIA.
En juin 1943, Georges CATON intègre, par l’intermédiaire de son futur beau-frère, le réseau GALLIA à Lyon comme agent P2, matricule 05201, agent de liaison, avec le pseudonyme de « FEDOR » et un texte d’engagement qu’il emprunta aux « Fêtes galantes de Ver-laine » avec ces quatre vers :
« Mon cœur est un paysage choisi,
où vont dansant, masques et bergamasques,
jouant du luth et quasi
tristes dans les déguisements fantasques ».
Georges CATON écrivait au président LEVI le 18 novembre 2000 :
« Au début de mon engagement pour la durée de la guerre, je ne savais pas que le réseau s’appelait GALLIA car les messages qui m’étaient adressés commençaient par LRP à 05201, ce n’est que plus tard que je l’ai appris quand j’ai rencontré Monsieur GORCE FRANKLIN.
Pendant quelques mois, en tant que seul agent de liaison à Lyon à ma connaissance : 05201, j’ai fait deux fois par jour la tournée de la vingtaine de « boîtes aux lettres » disséminées dans la ville et hors la ville, urbi et orbi, à bicyclette, soit une centaine de kilomètres par jour. J’ai calculé grosso modo que j’avais fait trois fois le Tour de France en quelques mois, ceci pour l’anecdote.
Chef des liaisons, j’ai recruté ou on m’a adjoint des agents de liaisons et en particulier le fils et le neveu du colonel GENTIL. Chaque jour ou presque, je passais dans un des PC du réseau, c’est là que Lautrec m’a appris à coder et décoder ainsi qu’à manier toutes les armes que nous possédions : Sten 7/65 etc.
Assurant de nombreuses liaisons, notamment la réception du courrier et la paie des agents, Georges CATON fut au début du mois d’octobre, nommé chef des services des liaisons du réseau GALLIA, Jacques ELMALEH devenant chef du service actions (groupes de protection).
Toutes les semaines avec le « courrier de Londres », il échangeait les messages, réceptionnait l’argent (5 millions de francs par semaine), les fausses cartes d’alimentation, les armes, les vêtements. Il changea plusieurs fois de pseudonymes en passant de « FEDOR » à « GARDERE » pour terminer sous l’identité d’un prisonnier de la région de Roanne qui n’était pas revenu des camps (évadé d’un stalag et mort au cours de l’évasion) et dont l’identité était Laurent PINELLI. Georges CATON, bien entendu, ne connaissait aucun des agents sous leur véritable identité hormis Jacques ELMALEH, Monsieur BONNAFOUS et sa femme Félicie dite la « fée », concierge de l’école primaire de la rue Cavenne, lieu de rendez-vous et boîte d’urgence et le colonel GENTIL, second du colonel FRANKLIN dont le fils remplaça ensuite Georges CATON comme chef des liai-sons.
Outre ses actions de chef de service des liaisons, Georges CATON participa à l’élimination du chef lyonnais de la Gestapo française : Rémi COLONEL, et servit également de garde de corps au Général de LATTRE de TASSIGNY (qui s’était évadé de la prison de Riom grâce au futur beau-frère de Georges ; Jacques ELMALEH) durant le séjour à Lyon du Général précédant son départ pour Londres.
Au cours de ses missions, Georges CATON rencontra Franck ARNAL, pharmacien à Toulon, qui était le chef du réseau GALLIA dans le Var, et qui devint à la Libération Maire de Toulon. Au cours de l’année 1944, il dut « se mettre au vert » dans le maquis en Auvergne près de Saint Flour, puis fut chargé d’une mission à Nice. Après les bombardements de Nice, il fut évacué vers un petit village de l’Isère, Les Avenières, jusqu’à la Libération et rejoignit la DGER en janvier 1945, toujours sous les ordres du colonel GORCE-FRANKLIN. Il fit quelques séjours à Londres, enrôlé dans un commando de parachutistes, comme volontaire pour des missions dangereuses au Japon. La guerre terminée après le bombardement de HIROSHIMA en août 1945, il refusa de partir en Indochine et il refusa également un poste de commissaire de police qu’on lui proposait là -bas.
Démobilisé comme capitaine de l’Armée Française, il intégra l’Education nationale dans un poste d’instituteur à Pignans dans le Var où il résida du 6 octobre 1945 jusqu’au mois de décembre 1963 puis, prit la direction d’une école à Hyères Les Palmiers, également dans le Var.
En 1967, il fut élu Conseiller Général du Var, puis au début de l’année 1968, maire de la ville d’Hyères les Palmiers. Il prit sa retraite en 1976, alternant des activités d’écriture et de peinture, jusqu’à sa disparition le 8 janvier 2003.
Docteur Jacques CATON
Chirurgien de l’Hôpital Saint-Joseph
et de la Clinique Emilie-de-Vialar à Lyon
Le 10 avril 2003